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Pollution des sols viticoles : impacts, risques, évolution et solutions pour une viticulture durable

photo panoramique des terres viticoles durant un couché de soleil

Les sols viticoles représentent une partie essentielle du terroir viticole, influençant directement la qualité du sol, la culture de la vigne, la qualité du vin et l’expression de la parcelle. Pourtant, depuis plus d’un siècle, une grande partie de ces sols en France subit une pollution progressive liée à l’utilisation de produits phytosanitaires, de fongicides, de cuivre et d’autres métaux lourds.

 

Les études menées par différents instituts (INRAE, IFV, institut national de la vigne et du vin, Santé publique France) montrent que la concentration de certains contaminants atteint parfois des niveaux élevés, entraînant des effets sur l’environnement, la vigne, les eaux superficielles, les sols, l’air, et parfois l’air intérieur des chais. Ces phénomènes affectent indirectement la production, la qualité du vin, le rang de vigne, la biodiversité locale et même certaines zones humides de la Loire ou d’autres régions.

 

L’objectif de cet article est de présenter une synthèse claire de la contamination des sols viticoles, d’expliquer les causes, les risques, les effets sur la vigne, l’impact sanitaire ou environnemental, et les méthodes pour réduire durablement la pollution tout en préservant la vigne et du vin ainsi que l’écosystème naturel de la terre.

Quel est l’impact de la pollution sur les sols viticoles ?

Les sols viticoles sont exposés à une exposition répétée de substances chimiques : cuivre, pesticides, herbicides, particules fongicides, engrais, résidus de désherbage chimique, dépôts atmosphériques et micro-particules issues de l’air. L’ensemble crée, au fil des années, une situation de dégradation des sols qu’il est crucial de comprendre.

Accumulation cuprique : la cause la plus connue

L’un des principaux facteurs de pollution des sols viticoles est l’accumulation de cuivre, utilisé depuis des décennies comme fongicide contre le mildiou (plasmopara viticola). Le cuivre total dans les sols peut atteindre des concentrations très élevées, parfois supérieures aux seuils agronomiques.

 

Cette accumulation :

 

  • affecte la qualité biologique des sols,

  • modifie la caractéristique du sol,

  • réduit l’activité microbienne et naturelle,

  • peut entraîner une toxicité pour certains organismes,

  • ralentit l’extraction et la transformation naturelle de la matière organique.

 

Le cuivre peut aussi provoquer une contamination des eaux de surface, particulièrement lors d’épisodes pluvieux qui augmentent le ruissellement sur les pentes, comme c’est souvent le cas dans le Beaujolais, la Loire, ou certaines zones de forte densité de plantation.

Résidus de pesticides : des effets durables sur la vigne et l’environnement

Les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides) laissent des résidus qui pénètrent les sols et peuvent persister longtemps. Leur application répétée entraîne :

 

  • une baisse de la fertilité biologique,

  • une modification des interactions entre sol et plante,

  • une pollution par pesticides affectant la culture,

  • des effets indirects sur la qualité du vin,

  • des risques environnementaux pour les insectes, oiseaux et microorganismes.

 

Certaines substances utilisées avant les années 2000 présentent encore une historique contamination, révélée par des échantillons analysés dans le cadre de travaux de recherche scientifique ou d’analyses environnementales menées par une agence spécialisée, un laboratoire, ou un observatoire régional.

Métaux lourds : un phénomène complémentaire

Outre le cuivre, on observe parfois du plomb, du cadmium, de l’arsenic ou du zinc, provenant d’anciens ateliers, de zones de lavage, de dépôts atmosphériques ou de retombées industrielles. Ces contaminants peuvent influencer la vigne, le sol, voire la vie microbienne. Ils peuvent aussi s’accumuler en surface, générant des risques sanitaires ou environnementaux, notamment pour les zones fréquentées par les riverains.

Comment réduire la contamination des sols viticoles ?

La réduction de la pollution repose avant tout sur une gestion raisonnée des intrants et une prise de conscience collective. Plusieurs pratiques se distinguent.

Le couvert végétal et la couverture végétale

Le couvert végétal joue un rôle essentiel :

 

  • il réduit l’érosion,

  • limite le ruissellement,

  • améliore la structure,

  • augmente la matière organique,

  • contribue au stockage du carbone,

  • offre une protection naturelle contre les gaz à effet de serre,

  • et favorise la biodiversité dans le terroir viticole.

 

C’est l’une des méthodes pour réduire efficacement la pollution des sols.

Agriculture biologique, alternatives et pratiques durables

L’agriculture biologique, bien qu’utilisant encore du cuivre, tend à en limiter les doses via des alternatives naturelles ou du biocontrôle.

Les viticulteurs adoptent aussi :

 

  • des stratégies anti-mildiou adaptées,

  • des pratiques de pulvérisation plus précises,

  • une meilleure gestion des engrais,

  • des solutions de lutte contre les ravageurs non chimiques (ex : lutte contre le black rot, la flavescence dorée, ou les insectes nuisibles).

Agriculture de conservation des sols (ACS)

L’ACS repose sur :

 

  • la réduction du travail du sol,

  • la couverture permanente du sol,

  • une augmentation de la matière organique,

  • une irrigation raisonnée adaptée au type de sol.

 

Ces techniques minimisent la pollution grâce à une meilleure protection du sol, une réduction de l’érosion et des transferts dans l’eau.

Comment la pollution affecte-t-elle la qualité du vin ?

La pollution n’atteint pas directement le cabernet sauvignon, le jus ou le vin final, mais elle affecte la vigne via :

 

  • une nutrition déséquilibrée,

  • une réduction de la vigueur,

  • une mauvaise absorption des nutriments,

  • une altération potentielle des arômes, de l’acide, du profil minéral,

  • une modification de la posture physiologique.

 

C’est la santé des sols qui conditionne la qualité des raisins et donc la pollution affecte vin indirectement. Les résultats sont visibles dans la production : manque de tension, déséquilibres aromatiques, baisse de concentration.

Risques de la contamination cuprique

Les risques de contamination cuprique incluent :

 

  • toxicité pour la microfaune,

  • inhibition microbienne,

  • accumulation de cuivre dans les horizons supérieurs,

  • perte de porosité,

  • contamination de l’eau par ruissellement.

 

Ce phénomène peut entraîner une diminution de la résilience du sol, affectant la vitalité de la vigne et augmentant la sensibilité aux maladies comme le mildiou, le black rot et d’autres ravageurs.

Évolution de la pollution des sols viticoles

Depuis plus d’un siècle, la cause de la pollution est liée à l’usage des pesticides et fongicides. Les pratiques ont évolué, notamment grâce :

 

  • aux travaux menés par les instituts scientifiques,

  • aux programmes de collaboration entre filières,

  • aux projets environnementaux soutenus par l’État,

  • à la réduction progressive du cuivre imposée en Europe.

 

Les dernières études confirment une évolution pollution plutôt positive, même si des travaux complémentaires pourraient encore améliorer la situation.

Conclusion

Sous un point de vue environnemental, agronomique et sanitaire, la pollution des sols viticoles représente un défi majeur. Elle résulte d’une accumulation historique de substances chimiques. Mais les viticulteurs peuvent adopter des outils, des méthodes et des pratiques durables permettant de limiter ces pollutions : couverts végétaux, ACS, réduction des doses, gestion agroécologique des intrants, analyses régulières du sol et meilleure compréhension des caractéristiques du terroir.

 

Une mise en œuvre cohérente de ces pratiques permet aujourd’hui de régénérer les sols, de protéger la vie microbienne, de restaurer la qualité biologique des sols et de garantir un avenir durable pour la vigne et du vin.